Voltaire : L'homme qui sourit

Publié le par Anne

Voltaire : le sourire de la raison

Parmi les bustes les plus célèbres qui s'alignent dans le foyer de la Comédie Française, parmi les plus célèbres auteurs dramatiques français du 18ème siècle où se propagent la raison et le sens humain, parmi les visages qui pétillent d'esprit et d'intelligence, le plus spirituel et le plus intelligent de tous est celui d'un homme qui parmi eux n'aient jamais existé : Voltaire. Il sourit - du sourire de la raison. Cet état d'esprit naissant peut nous paraître superficiel, et pensons que les gens auraient dû être plus passionnés, plus convaincus ou, comme on dit aujourd'hui, plus engagés.

En vérité, ce sourire civilisé du XVIII ème siècle français est une des choses qui a jeté le plus de discrédit sur tout le concept de civilisation.

Ce sourire de la raison fait respecter plusieurs convictions fondamentales, notamment la croyance dans les lois de la nature, dans la justice et la tolérance. Tout cela, nous le devons au siècle des Lumières et surtout à Voltaire. Voltaire se réfugia en Angleterre en 1726 où "les hommes ne furent jamais rossés par des hommes de main à la solde d'un seigneur outragé", ni jetés en prison à cause des pamphlets des hommes de lettres.. La vie en Angleterre fut pour Voltaire une expérience intense de la vie intellectuelle. Cette lutte pour la raison a commencé en Angleterre et a gagné ensuite la France.

L'Angleterre du XIIIème siècle était le paradis des hommes de lettres, de la chimie, de la philosophie, la botanique et l'histoire naturelle. Le visiteur Voltaire s'imprégna de toute cette liberté d'esprit et de fraîcheur qu'il y avait chez ces hommes. Et surtout, il s'y sentait indépendant, loin des grandes richesses de la cour de Versailles et des "splendeurs inhumaines et destructives du bon goût de la cour".

Enfin, les relations humaines y étaient naturelles.

Voltaire trouva ensuite en France un sentiment semblable chez Molière, Diderot, La Fontaine. Il y trouva le bon sens et le bon cœur dans les tableaux des "petits maîtres" tels que Moreau Le Jeune ou Chardin. De nouveaux salons où se réunissaient l'intelligentsia française étaient luxueux mais pas de façon écrasante. Les salons des "joyeux vivants" laissèrent la place aux philosophes qui déjà brûlaient de publier des opinions révolutionnaires. Ils y voulaient changer la société.

Voltaire y participa aussi, non pas en réformateur, mais en y apportant bonté et intelligence à cette nouvelle génération. Il ne fut pas un politique révolutionnaire en avant-scène mais marqua avec réalisme, patience et ténacité toute l'énergie révolutionnaire. Malgré l'ironie de ses écrits qui nous fait sourire aujourd'hui et ses plaisanteries, il y avait un sujet sur lequel il ne plaisantait pas : la justice. Lorsqu'en 1778, il revient à Paris, il avait 84 ans, aucun général victorieux, aucun aviateur solitaire ne reçut pareil accueil. On acclamait en lui l'homme universel et l'ami de l'humanité. Les gens l'entouraient en foule où qu'il aille et affichaient cette confortable liberté morale qu'il dégageait. Personne mieux que lui ressentait les intensément que l'Eglise était devenue prisonnière du système et qu'elle défendait ses intérêts matériels par la répression et l'injustice.

Cette idée a dominé la fin de sa vie et il l'a léguée à la postérité. Mon chapitre s'est ouvert sur le Voltaire de Houdon , souriant, du sourire de la raison, il pourrait se refermer comme un livre d'enfant, un enfant qui a bien grandi à la poursuite du bonheur. C'est le siècle des Lumières qui parle et qui s'endort avec le sourire de la raison. Ce chapitre peut également être refermé avec le Washington de Houdon, terre d'Amérique, où là encore la liberté morale s'est étendue.

Anne K

Merci de relire Lettres Philosophiques (1734)

Buste de Houdon

Tableau de Quentin de La Tour

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